Les travaux d’amélioration : quand peut-on augmenter un loyer au changement de locataire et comment informer ?

La fixation du loyer lors d'un changement de locataire est un sujet encadré par des règles précises qui varient selon plusieurs facteurs, notamment la localisation du bien et les éventuels travaux réalisés. Pour les propriétaires, comprendre ces mécanismes est essentiel afin d'ajuster légalement le montant du loyer tout en respectant les droits des locataires.

Le cadre légal de l'augmentation de loyer lors d'un changement de locataire

La législation immobilière française établit des distinctions importantes entre les différentes zones géographiques pour encadrer l'évolution des loyers. Cette réglementation vise à protéger les locataires tout en permettant aux propriétaires de valoriser leur bien dans certaines conditions spécifiques.

Les règles applicables en zone tendue

Dans les zones tendues, qui correspondent aux agglomérations de plus de 50 000 habitants où existe un déséquilibre marqué entre l'offre et la demande de logements, le propriétaire est soumis à un encadrement strict. Le principe général est simple : le loyer du nouveau locataire ne peut excéder celui du précédent occupant. L'Indice de Référence des Loyers constitue la base de calcul autorisée pour actualiser le montant. Cette restriction s'applique aux premières locations, aux logements vacants depuis plus de 18 mois ainsi qu'aux biens ayant bénéficié de travaux récents réalisés dans les six derniers mois.

Depuis le 1er juillet 2024, une contrainte supplémentaire s'impose aux propriétaires : l'interdiction totale d'augmenter le loyer des logements classés F ou G au Diagnostic de Performance Énergétique, considérés comme des passoires thermiques. Cette mesure, déjà en vigueur en métropole depuis août 2022, a été étendue aux départements et régions d'outre-mer.

Les possibilités d'augmentation hors zone tendue

En dehors des zones tendues, les propriétaires disposent d'une marge de manœuvre plus importante pour fixer le montant du loyer lors d'un changement de locataire. La liberté contractuelle prévaut davantage, permettant de définir un nouveau montant sans être lié au loyer précédemment appliqué. Toutefois, cette liberté n'est pas absolue et doit s'exercer dans une logique de cohérence avec le marché local. Les références aux loyers pratiqués dans le voisinage pour des biens comparables constituent un repère important pour éviter des augmentations abusives qui pourraient être contestées.

Les travaux d'amélioration justifiant une hausse de loyer

La réalisation de travaux d'amélioration constitue l'une des principales exceptions permettant d'augmenter significativement le loyer, même en zone tendue. Cette possibilité répond à une logique d'encouragement des propriétaires à investir dans la qualité de leur patrimoine immobilier.

Quels types de travaux sont considérés comme des améliorations

Il est fondamental de distinguer les travaux d'amélioration des simples travaux d'entretien. Seuls les premiers peuvent justifier une augmentation de loyer. Les travaux d'amélioration apportent une plus-value réelle au logement et améliorent son confort ou sa performance énergétique. L'installation d'un double vitrage, la mise en place d'un système de chauffage plus performant, la rénovation complète d'une salle de bain ou d'une cuisine, ou encore l'installation d'un ascenseur dans un immeuble en sont des exemples typiques. À l'inverse, la simple remise en état, le remplacement d'équipements défectueux ou les travaux d'entretien courant ne justifient pas une augmentation du loyer.

Depuis janvier 2020, une attention particulière est portée aux travaux d'amélioration énergétique, avec des conditions spécifiques pour autoriser une augmentation de loyer consécutive à ces investissements. Cette orientation reflète la priorité donnée à la transition énergétique dans le parc immobilier.

Le calcul de l'augmentation en fonction du coût des travaux

Le montant de l'augmentation autorisée est directement lié à l'importance de l'investissement réalisé. Lorsque les travaux représentent au moins 50% d'une année de loyer, le propriétaire peut augmenter le loyer annuel à hauteur de 15% du montant total des travaux. Dans le cas où l'investissement dépasse une année complète de loyer, le plafond est repoussé et le loyer peut théoriquement être fixé librement, sauf dans les zones soumises à l'encadrement des loyers.

Un exemple concret permet d'illustrer ce mécanisme : pour un logement loué 600 euros par mois, soit 7 200 euros annuels, des travaux d'installation de double vitrage coûtant 4 000 euros permettraient une augmentation mensuelle de 50 euros, soit 600 euros annuels correspondant à 15% du montant investi. Cette majoration doit être clairement justifiée auprès du locataire avec présentation des factures attestant de la réalité et du montant des travaux.

Le cas des logements sous-évalués

Outre les travaux d'amélioration, la sous-évaluation manifeste du loyer par rapport au marché constitue un autre motif légal d'augmentation lors d'un changement de locataire, y compris en zone tendue.

Comment déterminer si un logement est sous-évalué

La démonstration de la sous-évaluation repose sur une comparaison méthodique avec des références locales. Le propriétaire doit rassembler des éléments probants attestant que le loyer pratiqué est significativement inférieur aux prix du marché pour des logements similaires dans le même secteur géographique. Cette comparaison doit s'appuyer sur un nombre minimum de références : au moins six dans les grandes agglomérations et trois dans les autres zones.

Les critères de comparabilité incluent la surface, la localisation précise, l'étage, la présence d'ascenseur, l'exposition, l'état général du bien, les équipements disponibles et l'année de construction. Ces références peuvent provenir d'agences immobilières, d'observatoires des loyers ou de bases de données spécialisées. La rigueur dans cette démarche est essentielle car elle sera déterminante en cas de contestation par le locataire.

La procédure de réévaluation du loyer

La réévaluation d'un loyer sous-évalué est strictement encadrée. L'augmentation ne peut excéder 50% de la différence constatée entre le loyer de marché et le loyer actuel. Cette limitation vise à éviter des hausses brutales tout en permettant un rattrapage progressif.

Pour un locataire en place dont le bail arrive à échéance, la proposition d'augmentation doit être notifiée au moins six mois avant la fin du contrat, par lettre recommandée avec accusé de réception, par acte de commissaire de justice ou par remise en main propre. Le locataire dispose alors de quatre mois pour accepter ou contester cette proposition. En cas de désaccord, la Commission Départementale de Conciliation doit être saisie avant d'envisager un recours judiciaire. La hausse, si elle est validée, s'applique généralement de manière progressive, par tiers ou par sixième annuel, particulièrement lorsqu'elle dépasse 10% du loyer initial.

Les obligations d'information envers le nouveau locataire

Au-delà des conditions permettant une augmentation de loyer, le propriétaire est tenu à des obligations d'information et de transparence envers le nouveau locataire.

Les mentions obligatoires dans le contrat de bail

Le contrat de bail doit mentionner explicitement le montant du dernier loyer appliqué au précédent locataire et la date de son départ. Cette information permet au nouveau locataire d'apprécier l'évolution du loyer et sa conformité avec la réglementation en vigueur. Si une augmentation a été appliquée, sa justification légale doit également figurer dans le contrat.

Dans le cas d'une augmentation liée à des travaux d'amélioration, le bail doit préciser la nature des travaux réalisés, leur montant et leur date d'achèvement. De même, si l'augmentation est justifiée par une sous-évaluation, les éléments de comparaison ayant servi à établir cette conclusion doivent être mentionnés. Ces informations constituent des mentions contractuelles obligatoires dont l'absence peut être sanctionnée.

Les documents justificatifs à fournir

Au-delà des mentions dans le contrat, le propriétaire doit être en mesure de fournir des documents justificatifs à la demande du locataire. Pour les travaux d'amélioration, les factures détaillées émises par les entreprises sont indispensables. Elles doivent faire apparaître clairement la nature des travaux, leur coût et leur date de réalisation.

En cas de réévaluation pour sous-évaluation, les références locatives utilisées doivent être documentées et vérifiables. Ces pièces justificatives sont cruciales non seulement pour la transparence de la relation contractuelle mais aussi en cas de contestation ultérieure. Le propriétaire avisé constituera donc un dossier complet avant même de proposer une augmentation, afin de pouvoir répondre à toute demande d'information ou justifier sa position devant une commission de conciliation ou un tribunal.

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